L’Assemblée plénière des évêques de France s’est conclue ce mercredi 8 novembre 2023 à Lourdes. Dans son discours de clôture, Mgr Éric de Moulins-Beaufort a lancé une série d’appels en lien avec l’actualité en France ou dans le monde. L’avortement, la fin de vie et l’accueil des migrants sont quelques-uns des sujets « chauds » évoqués par le président de la Conférence des évêques de France (CEF). Et pour cause : durant toute la semaine, ces sujets ont été au coeur des débats et des déclarations.
Tout d’abord : qu’est-ce qu’une Assemblée plénière ? des évêques de France
L’Assemblée plénière d’automne des évêques de France s’est clôturée ce mercredi 8 novembre 2023 à Lourdes. Concrètement, l’Assemblée plénière est l’organe ordinaire d’expression de la Conférence des évêques de France (CEF) et de son activité collective. Elle vote l’élection de ses membres et décide de la création de groupes de travail. Elle a pouvoir de légiférer et tous les organismes qu’elle institue sont responsables devant elle. Elle se tient deux fois par an, habituellement en octobre-novembre et avril, à Lourdes.
Cette année, les travaux étaient portés par la dynamique joyeuse des JMJ de Lisbonne, mais aussi par la visite du pape à Marseille. Un climat propice donc. Le 27 octobre dernier, à une semaine de l’ouverture de l’Assemblée, le pape adressait d’ailleurs une lettre de bénédiction aux évêques français pour encourager les travaux de l’Assemblée plénière. Les évêques de France avaient tout en main pour mener une réflexion de fond sur la mission de l’Eglise de France et la manière d’annoncer l’Evangile aujourd’hui.
Dépassionner le débat sur l’immigration
Les 22 et 23 septembre derniers, Marseille et la France accueillaient le pape François venu clore les rencontres méditerranéennes. Dans son discours au Vélodrome résonnait un vibrant appel à relever les défis migratoires : « Nous sommes à un carrefour de civilisation. Ou bien la culture de l’humanité et de la
fraternité, ou la culture de l’indifférence ».
Au terme de cette Assemblée plénière d’automne, la conférence épiscopale a signé une déclaration relative au projet de loi sur l’immigration actuellement débattu au parlement. Un texte fort dans lequel les évêques écrivent qu’ « il importe, de résister à la tentation de réduire les questions migratoires à des enjeux sécuritaires, de terrorisme ou de délinquance ».
Pour la conférence épiscopale, il est important de ne pas voir les migrants comme «une menace», mais de prendre en compte «la dignité des personnes migrantes, leurs talents et leurs souffrances».
«Notre pleine responsabilité en matière migratoire se trouve autant dans les conditions d’accueil de personnes qui souhaitent émigrer sur notre sol que dans notre contribution aux efforts de coopération et de justice sociale qui permettent aux personnes de rester dignement dans leur pays»
Déclaration des évêques de France à propos du projet de loi sur l’immigration
Les évêques de France disent entendre et comprendre « les inquiétudes voire les angoisses que cristallisent les questions migratoires complexes face à la résurgence des guerres, des tensions identitaires, des crises sociales ». Des crises, des tensions et des guerres « provoquées par les injustices comme par les dérèglements économiques et climatiques ».
L’épiscopat de France demande de garder en mémoire « les nombreuses situations d’accueil et d’intégration réussies qui ont enrichi notre pays depuis de nombreuses années». «Aujourd’hui encore, nous avons confiance dans les ressources de fraternité qui irriguent la société française», conclut le texte.
« Toute vie est un don pour ce monde. »
Le dimanche 29 octobre 2023, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé engager le processus visant à inscrire l’IVG (interruption volontaire de grossesse) dans la Constitution. L’Assemblée plénière n’a pas manqué de revenir sur ce projet de constitutionnalisation du droit à l’avortement. Il est ressorti de ces travaux une déclaration, votée par l’Assemblée, intitulée « Toute vie est un don pour ce monde ».
Dans ce texte, les évêques de France expriment leur « inquiétude devant ce que signifierait cette inscription ». « Nous le réaffirmons: toute vie est un don pour ce monde, un don fragile et précieux, infiniment digne, à accueillir et à servir depuis son commencement jusqu’à sa fin naturelle» écrivent-ils, s’interrogeant également sur la légitimité d’inscrire l’avortement comme «un droit fondamental».
En 2022, il y a eu 723 000 naissances en France et plus de 234 000 avortements. « C’est un triste record », disent les évêques. Pour eux, c’est une « réalité dramatique » qui « dépasse la seule question d’un droit pour les femmes » : « Elle n’est pas un progrès ».
Le commandement biblique « Tu ne tueras pas » inscrit dans toutes les consciences, au-delà de celles des seuls croyants, signifie que tout être humain est confié à la sollicitude de tous les autres. Nous ne devons pas affaiblir la force d’un tel repère. Ces enfants à naître, nous en sommes d’une certaine façon tous responsables.
Déclaration des évêques de France au sujet de l’inscription de la liberté d’avorter dans la constitution
Pour l’épiscopat français, il ne fait aucun doute que « les droits des femmes doivent être davantage promus et garantis » : « La réelle égalité salariale, la protection contre les violences, dans la vie sociale et dans l’intimité des familles, le soutien social à leur rôle dans l’éducation des enfants, surtout pour les femmes seules, sont des progrès hautement désirables pour nos sociétés ». Pour autant, « est-il légitime de mettre l’avortement sur le même plan que ces droits fondamentaux ? », s’interrogent les évêques. Avant d’avancer un élément de réponse : « L’inscrire parmi les droits fondamentaux serait abîmer tout l’équilibre de ceux-ci. »
« Aimez le Christ ! » : Le message des évêques de France aux Jeunes
Lors de cette Assemblée plénière à Lourdes, les évêques ont également transmis un message aux jeunes français intitulé « Joyeux dans l’espérance » (Rm12, 12). Ils expriment leur gratitude envers les jeunes pour leur participation aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne l’été dernier et les encouragent à partager leur témoignage.
Voici quelques-uns des appels lancés aux jeunes :
Quelle joie d’avoir été ensemble ! Nous avons été touchés par votre soif, votre joie et aussi votre prière pour nous. Nous vous encourageons à témoigner de ce que vous avez vécu. Réunis en Assemblée Plénière à Lourdes, nous les évêques de France, nous voyons l’Esprit-Saint à l’œuvre en vous. Vous étiez pèlerins de la foi et chercheurs de Dieu.
Messages des évêques de France aux jeunes
Souvent, vous nous le dites : les situations du monde, l’état de notre planète, le mauvais témoignage de chrétiens, mais aussi les épreuves personnelles, tout cela suscite angoisse, colère ou incompréhension. Oui, nous entendons vos cris et vos silences. Avec le Pape François, nous vous redisons : n’ayez pas peur d’être « assoiffés de l’intérieur, inquiets, inachevés, avides de sens et d’avenir ».
Messages des évêques de France aux jeunes
Chers Jeunes, aimez le Christ ! C’est lui le roc de nos vies : ouvrez-lui votre cœur, savourez ses paroles, prenez le temps de le prier et de l’adorer. Chers jeunes, aimez l’Eglise ! Elle n’est pas sans tache et elle n’est pas sans ride. Mais le Christ l’aime comme son épouse et nous l’aimons comme notre mère. Et dans cette Eglise il y a de la place pour tous !
Messages des évêques de France aux jeunes
« Nous condamnons toute prétention à faire la guerre au nom de Dieu », déclare Mgr de Moulins-Beaufort
L’Assemblée plénière d’automne s’est conclue ce mercredi 8 novembre à 10h30, avec le discours de clôture de Mgr Éric de Moulins-Beaufort. Le président de la Conférence des évêques de France a lancé une série d’appels en lien avec l’actualité en France ou dans le monde, mais surtout en lien avec les déclarations signées et votées toute la semaine.
Sur la constitutionnalisation de l’IVG : « L’avortement, dont la décision est rarement un choix de pleine liberté, ne peut être compris sous le seul prisme des droits des femmes.«
Sur le projet de loi « fin de vie » : « Une société humaine doit être fraternelle pour tous et pour toutes jusqu’à la fin de la vie, et promouvoir l’aide active à vivre. »
Sur la question migratoire : « Nous pouvons, en France, encore, recevoir comme des frères et sœurs en humanité ceux et celles qui viennent chez nous dans l’espoir d’une vie meilleure pour eux ou leurs enfants, en accueillant leurs talents et leurs énergies. »
Sur les jeunes aux JMJ : « Nous avons constaté leur soif de connaître et de suivre le Christ ; de hisser leur vie sur la crête de la suite de Jésus ; nous avons découvert leur sérieux, leur détermination à assumer les grands défis qui se présentent à leurs générations. »
Sur la paix : « Nous souffrons pour l’humanité divisée, fracturée par des conflits dont plusieurs sont dus à l’avidité de quelques-uns pour le pouvoir. Nous condamnons toute prétention à faire la guerre au nom de Dieu. »
Sur le Synode : « Un des défis des mois qui viennent sera sans doute d’impliquer davantage nos Églises particulières dans le processus synodal, et d’intéresser plus résolument les jeunes, les pauvres, les prêtres. »
Publié le 9 novembre 2023 par Clément Laloyaux (avec KTO et La Croix)